Les cartes de débit sont le moyen de paiement le plus populaire en Suisse, avec 60 milliards de francs dépensés chaque année. Cependant, ce système s’accompagne de frais bancaires élevés, qui s’élèvent à 1,4 milliard de francs par an. Ces frais sont payés par les commerçants, mais ils sont finalement répercutés sur les clients via des prix plus élevés.
Une position dominante pour Worldline
La majorité des frais bancaires, soit 950 millions de francs, est reversée aux acquéreurs, principalement Worldline, qui occupe une position dominante sur le marché suisse avec une part estimée entre 90 et 95 %. Les banques, quant à elles, reçoivent environ 60 millions de francs sous forme de « taxe d’interchange », tandis que les donneurs de licence Visa ou Mastercard touchent un montant nettement plus faible d’environ 20 millions de francs.
Ce système est opaque et inéquitable, en particulier pour les petits commerçants. En effet, ces derniers paient des frais nettement plus élevés que les grands distributeurs comme Migros et Coop, qui peuvent négocier des conditions plus avantageuses avec Worldline. De plus, les PME manquent souvent de transparence sur les frais qu’elles paient et ne savent pas toujours pour quoi elles sont utilisées.
Des réformes prochaines ?
Face à ces critiques, des réformes sont envisagées. Deux interventions parlementaires visant à supprimer la taxe bancaire sont actuellement en suspens. L’Association des paiements électroniques (VEZ) propose de plafonner la commission bancaire à 0,1 %, soit la moitié du plafond européen. L’Union suisse des arts et métiers (USAM) demande plus de transparence dans les décomptes et une meilleure répartition des frais entre les différents acteurs.
Le donneur de licence Visa négocie actuellement avec la Commission de la concurrence sur la fixation des frais bancaires. Il reste à voir si ces négociations aboutiront à des changements concrets.